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Marche à l'Ambre !

Le mythe de Don Juan par Tirso de Molina - 5

Partie 5. Don Juan adapte son attitude face au Marquis de la Mota.

Don Juan sait aussi être hypocrite dans la mesure où il s’adapte à son interlocuteur pour réussir au mieux ses stratagèmes, ses tromperies envisagées. C’est pourquoi il ordonne à Catilinon de se taire, car juste avant il parlait à son serviteur de sa prochaine duperie « cette nuit nous aurons de la besogne », ce que le Marquis de Mota ne doit pas savoir. A ce moment de la pièce, il est question pour lui de posséder Dona Ana, amoureuse du Marquis de Mota mais malheureusement promise à un autre (topos). Précédemment, le Marquis de Mota a le malheur de parler de sa bien-aimée à Don Juan, et de la lui décrire avec des propos hyperboliques « la plus grande beauté que les yeux du roi puissent voir », ce qui ne laissa pas Don Juan indifférant. Peu après, Dona Ana, apparaît à « travers la grille d’une fenêtre » comme nous l’apprend une didascalie de la page 149, sous le nom « la femme ». Elle lui transmet un billet destiné au Marquis. Et sans scrupules Don Juan lit ce message privé, et le rapporte au Marquis de Mota, sans lui laisser le lire. Cette contextualisation est très importante car elle est retranscrite au marquis avec quelques mensonges cachés, dans le but de rendre plus facile la duperie, c’est-à-dire d’abuser de Dona Ana « je la possèderai, vive Dieu » page 153. En effet, lorsqu’il passe le message au Marquis, il lui fait croire qu’il n’a pas reconnu la femme qui lui passa le message à travers la grille. Il a recours à la tournure négative « je n’ai pu voir qui me le donnait », puis à la tournure inclusive « à la voix seule, j’ai compris qu’une femme me la remettait », mais également au mensonge ! Don Juan, après avoir reçu ce message de la dite femme, savait très bien que c’était Dona Ana, c’est pourquoi juste après il dit « malheureux amant ». Dans le message que rapporte Don Juan cache un demi-mensonge « il te dit d’aller en secret à la porte à minuit -elle sera ouverte à onze heures- ». Pour comprendre ce demi-mensonge il faut reprendre le contenu du billet. Dona Ana il précise « viens cette nuit à ma porte ; à onze heures elle sera ouverte », mais en aucun cas elle lui dit de venir à minuit comme le dit Don Juan. Cependant il informe le Marquis que la porte ouvrira à onze heures « elle sera ouverte à onze heures », expression mise entre tirets pour encadrer, mettre en valeur les propositions incises. Cette ponctuation peut avoir trois sens, celui de ne pas qualifier Don Juan de menteur, celui de lui laisser un laps de temps d’une heure pour posséder Dona Ana pour qu’ensuite le Marquis remarque tardivement la tromperie, enfin celui de mettre en valeur son propos incluant une information capitale pour le Marquis. Effectivement cette nuit doit être capitale pour le Marquis de Mota dans la mesure où il pourra la posséder « là tu jouiras ton amour », ce qui motive le séducteur à être le premier à la posséder et de jouir de sa future tromperie. Il se montre également ironique « c’est toi qui doit la posséder » pour flatter le Marquis, alors qu’il n’en pense pas moins, en ce qu’il croit que c’est lui, Don Juan qui doit la posséder, Mota n’est qu’un rival. Néanmoins il lui rapporte correctement une autre information essentielle : « il te dit aussi de porter, afin d’être reconnu de Leonorilla et des duègnes, une cape de couleur », mais dans son intérêt. En effet, la nuit tombée, il prendra la cape de couleur qu’avait mise le Marquis, pour tromper la dame, de même manière qu’il l’a fait avec Isabela qui croyait parler au duc d’Octavio, son bien-aimé, lors de la première journée.

 

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